Wednesday, January 9, 2008

Nabeul — Poupées de sucre

Une autre facette de la richesse d’une région
Si la plupart des habitants de la Tunisie accueillent le nouvel an de l’Hégire en préparant couscous et autres mets spécifiques, ceux de la région de Nabeul conservent l’exclusivité de décorer leur "methred" de couscous avec des poupées de sucre faites à la manière artisanale.
De formes et couleurs différentes, ces poupées garnissent les assiettes des plus petits et font leur bonheur en ce jour de fête.
La fabrication de ces figurines est un savoir-faire ancestral qui se transmet de père en fils et qui fait, aux côtés de la fabrication de poterie, partie du patrimoine local de la région. Signe aussi d’une grande richesse artistique, cette tradition est jalousement préservée.
Sadok Aïssa, artisan qui s’est spécialisé en la matière depuis treize ans, a hérité ce savoir-faire de son père. il pense qu’à l’origine cette tradition est apparue à Dar Chaâbène El Fehri pour se transmettre, ensuite, aux habitants de Nabeul.
De son travail, il dit qu’il est passionnant et qu’il acquiert un sens artistique développé notamment pour la décoration des figurines. «L’étape la plus fatigante de notre travail est le remplissage des moules» précise- t-il.
Pour ce qui est de l’histoire de cette tradition, il pense qu’elle est très ancienne et qu’elle a existé dès que les premiers habitants se sont installés dans la région. D’ailleurs, l’origine de ces figurines demeure non identifiée même pour les historiens. Certains pensent que cette tradition a été introduite par les Phéniciens, d’autres pensent qu’elle serait d’origine juive ou italienne.
Bref, la poupée de sucre est une tradition très ancienne qui fait, désormais, la fierté des habitants de la région. Mouna El Kouch, décore les figurines depuis sept ans; c’est son mari, Faîek El Fehri El Kouch, qui les fabrique.
Pour le couple, cette période de l’année est la plus faste, ils travaillent tard le soir et transforment des tonnes de sucre en figurines. Pour l’histoire, Mouna pense que ces poupées de sucre sont apparues à une époque où il n’y avait pas de friandises ni de bonbons; pour les enfants c’était une joie que de déguster ces poupées joliment décorées et ça continue de l’être jusqu’à aujourd’hui.
Cependant, ces poupées ne sont pas exclusivement destinées aux enfants, les jeunes fiancés doivent offrir, à l’occasion du nouvel an, à leur future épouse un grand "methred" bien garni de bonbons et de fruits secs et décoré par une grande poupée de sucre. Ces dernières, contrairement aux petites, sont vendues à 20 dinars la pièce.
Nadia CHAHED