Saturday, February 16, 2008

Africanmanager - Bonne mention pour l’économie tunisienne, selon le FMI.

[Source:Africanmanager.com]


H.T


La délégation du Fonds Monétaire internationale, vient de publier son rapport suite à sa visite en Tunisie au mois de janvier précédant. Un rapport qui est venu maintenir les résultats positifs que l’économie tunisienne a réalisé durant l’année 2007.
Mettant en exergue la difficulté et la défavorabilité de l’environnement extérieur, le rapport a conclu que l’économie tunisienne continue de faire preuve de résilience, avec un taux de croissance appréciable pour l’exercice 2007. La croissance économique ayant pris un rythme accéléré, trouve ses sources dans les bonnes performances des secteurs agricoles, énergétique, manufacturier et des services, souligne le rapport, ce qui a permis au taux de croissance de passer de 5.5% en 2005 à 6.3% en 2007, le niveau le plus élevé durant les dix dernières années. Le rapport a aussi souligné la forte croissance de l'industrie électrique et mécanique (IME) qui a porté sa part dans le total des exportations de biens à 27 % en 2007, permettant une meilleure diversification de l'industrie manufacturière tunisienne. Cette performance de l'économie tunisienne s'est traduite par une diminution du chômage de 14,3 % en 2006 à 14,1 % en 2007.


Là où nous avons excellé le plus !!


Sur le plan de la politique monétaire que le rapport qualifie d’ « efficace », la prestation s’est notamment caractérisée par l’équilibre de l’inflation, passée de 4.5% en 2006 à 3.1% en 2007. Le rapport souligne tout de même que des pressions inflationnistes sont réapparues, en glissement annuel, l'inflation a été réduite de 5,3 % en mai 2006 [après l'envolée des cours du pétrole et de certains produits de base] à 2 % en avril 2007. La BCT, conclut le rapport à cet effet, a réagi en portant son coefficient de réserves obligatoires de 3,5 % à 5 % à fin novembre 2007. Les appréciations de l’économie tunisienne, ont permis, affirme le rapport, de consolider sa position extérieure, malgré la légère hausse du déficit du compte courant, même si ce dernier demeure soutenable.

La délégation du FMI souligne que les exportations et importations ont pris leur essor en 2007. Les importations sont presque majoritairement des biens intermédiaires et d'équipement, soutenant ainsi l'accélération de la croissance. Mais cela n’a pas empêché le déficit du compte courant de s’élargir, pour passer de 2 % du PIB en 2006 à 2,5 % en 2007, suite à la détérioration des termes de l'échange, causée par la hausse des cours des matières premières. Ce solde a été compensé par un afflux important d'IDE.

Toujours selon ce dernier rapport du FMI, les réserves extérieures de la Tunisie ont augmenté de 1 milliard de dollars en 2007 pour atteindre 7,8 milliards, représentant 4,6 mois d'importation de biens et services, même si la Tunisie a consolidé sa position extérieure grâce à des remboursements anticipés financés par les ressources de privatisation, réduisant ainsi sa dette extérieure totale, y compris la dette a court terme, de 58,3 % du PIB en 2006 à 55,6 % en 2007, Le déficit budgétaire devrait ainsi rester, selon l'équipe du FMI, globalement identique à celui de 2006, malgré la hausse des cours mondiaux des matières premières. La politique budgétaire prudente a permis de contenir le déficit à 3 % du PIB, en dessous de l'objectif de 3,1 % fixé dans la loi de finances 2007.


Les perspectives pour 2008.

Pour les perspectives de l’économie tunisienne en 2008, le rapport de la délégation du FMI, affirme que la croissance devrait rester robuste à 5.7%. Le ralentissement probable de 6.3% à 5.7% de la croissance tunisienne, sera selon le rapport, dû à la croissance exceptionnelle du secteur énergétique, à l’expiration des quotas de l’Union Européenne pour les exportations chinoises de certains produits textiles ainsi qu’à une politique monétaire restrictive. Par contre, le rapport estime que l’élan économique et les grands projets d’investissement devraient limiter ce ralentissement. Quant aux pressions inflationnistes, notamment l’inflation importée, le rapport estime qu’elles vont persister. La politique prudente de la BCT et son intention d’agir davantage, si les pressions inflationnistes persistent, devraient contenir l'inflation à 4 % en moyenne. Cette prévision tient également compte de l'augmentation probable des prix des produits administrés si les prix mondiaux restent élevés.

La délégation du FMI prévoit qu’en 2008, le compte courant de la balance des paiements pourrait accuser une légère détérioration si les prix du pétrole et des produits de base devaient rester au voisinage de leur niveau record enregistré récemment. Le rapport prévoit un ralentissement du rythme des exportations dû notamment au fléchissement de la croissance de l'économie mondiale. Les importations connaîtront probablement une croissance relativement forte, en raison de la persistance des cours élevés du pétrole et des matières premières et du besoin important en biens d'équipement et en matières premières. Par conséquent, une légère détérioration du compte courant à 2,7 % du PIB en 2008 est prévue par le FMI. Néanmoins, la diminution tendancielle de la dette extérieure se poursuivra avec un taux d'endettement extérieur passant à 52,9 % du PIB en 2008.

La Politique économique en Tunisie

Le rapport du FMI se pose des questions d’ordre général sur les politiques économiques suivies par la Tunisie. La première question évoquée a été celle de la surliquidité persistante et des pressions inflationnistes croissantes. La mission du FMI appuie, souligne le rapport, la politique monétaire restrictive de la BCT et explique son soutien par le fait que, face à la situation de surliquidité et aux pressions inflationnistes qui ont resurgi durant le second trimestre de 2007, la BCT a effectué des opérations de ponction de liquidité avant de relever le coefficient de réserves obligatoires. "Étant donné les délais d'ajustement de l'économie aux changements de politique monétaire, il est important de persévérer dans le perfectionnement des outils de prévision afin de pouvoir mieux anticiper les pressions inflationnistes et agir à temps" affirme le rapport.

Plus de flexibilité dans le taux de change, conseille le FMI.

Pour ce qui est de la politique de taux de change, le rapport affirme que la politique de taux de change restera ancrée sur l'objectif de moyen terme d'un taux de change flottant. "Il est souhaitable d'affiner la coordination entre la politique monétaire et la politique de change. Dans ce contexte, une flexibilité accrue du taux de change est nécessaire pour mieux maîtriser les risques inflationnistes" conseille le FMI.
La mission du FMI soutient en tous les cas la politique budgétaire prudente de la Tunisie qui a pu maintenir un déficit de 3 % en dépit d'un environnent international défavorable. Elle conseille cependant, pour faire face aux tensions inflationnistes, que la politique budgétaire vise un déficit en deçà de 3 %. Cela aidera à soutenir la politique monétaire restrictive et assurer une meilleure flexibilité à la politique budgétaire, trouve le rapport.

S'assurer des IDE des grands projets.

La mission appuie aussi la stratégie d'économie d'énergie activement poursuivie par les autorités tunisienne. Elle recommande cependant, d'examiner aussi des options alternatives, moins coûteuses que les subventions à la Caisse Générale de Compensation, pour soutenir le pouvoir d'achat des familles à faible revenu. Evoquant ensuite les grands projets d'investissement qui se multiplient en Tunisie, l'équipe du FMI conseille que "les autorités s'assurent que ceux-ci n'entrainent pas de nouveaux éléments de passif éventuel (contingent liabilities) qui viendraient s'ajouter à l'encours de garanties totalisant 8,9 % du PIB en 2007.
La mission évoque dans son rapport d’autres politiques tunisiennes. En premier lieu, la réforme du secteur bancaire qui suit son cours, la libéralisation des opérations courantes et du compte capital qui a progressé en 2007 où les plafonds d'allocations de devises pour les opérations courantes ont été relevés et l'autorisation de change pour les investisseurs non-résidents en Tunisie, hormis dans le secteur du commerce de distribution, a été supprimé. Il y a aussi les contraintes sur les flux d'investissement et participations entre personnes ou sociétés non-résidentes et résidentes qui seront allégées. Pour la politique de la libéralisation des échanges commerciaux, qui a tant favorisé l'ouverture de l'économie tunisienne, elle va de l'avant, indique aussi le rapport. Les exportations et les importations de biens, quant à eux, ont augmenté, passant de 74 % du PIB en 1995 à 98 % en 2007, permettant ainsi une amélioration sensible du taux de couverture des importations qui est passé de 70 % à 90 %. Outre les IDE qui, en pourcentage du PIB, ont presque doublé durant la même période.

La mission a aussi salué l’engagement de la Tunisie dans le rôle actif qu’elle ne cesse de jouer dans le processus de l'intégration du Maghreb. Les mesures du plan d'action élaboré pendant cette conférence visent notamment à améliorer le climat des affaires et à favoriser les collaborations entre les investisseurs privés des pays de la région. Concernant les échanges commerciaux intra-maghrébins la Tunisie, conclut le rapport, vient d'adopter en 2008 la reconnaissance mutuelle des certificats de conformité aux normes techniques avec la Libye.


Les recettes des société pétrolières, compenseront le CGC !


Parlant des points forts de l’économie tunisienne, le rapport de la délégation du Fonds Monétaire International, n’a pas manqué de mentionner les quelques lacunes que connait l'économie tunisienne. Il mentionne en premier lieu que la hausse record des prix du pétrole et des produits de bas ont et auront un effet sur l’économie, et ce par le rôle qu’elles jouent et qui a amené les autorités à adopter une loi de finances rectificative en décembre, qui prévoit une augmentation des subventions à la Caisse Générale de Compensation (CGC) de 0,6 % du PIB, portant le total à 1,3 %. La hausse des prix à la pompe en mai et octobre 2007 a permis de maintenir les subventions pétrolières à 1 % du PIB. L'augmentation de recettes provenant des sociétés pétrolières, de recettes non fiscales et de droits de douanes, dus à la forte croissance des importations, devraient plus que compenser les dépenses additionnelles. Les remboursements par anticipation devraient faire passer la dette publique de 53,9 % du PIB en 2006 à 51,5 % en 2007 !